Lucien et Simone Faille, le sauvetage entre résistance et refus du STO
Originaires de Pologne, Szmul et Genendel Goldsztajn ont une petite fille, née en 1932, prénommée Lilya. Szmul est mécanicien-tricoteur et Genendel est bobineuse. La famille Goldsztajn vit au 3ème étage du 4 Villa Gagliardini dans le 20e arrondissement. La famille Faille habite au 1er étage. Lucien est représentant en électroménager. Une de leurs deux filles, Denise, a le même âge que Lilya, les deux fillettes sont amies. En 1939, Szmul est engagé volontaire dans l’armée française. Démobilisé, il est arrêté dès mai 1941 et déporté à Auschwitz par le convoi n°4 du 25 juin 1942. Lilya est alors placée en nourrice à Sillé-le-Guillaume, dans la Sarthe, sous le nom de Gostan.
Le 15 juillet 1943, suite à la rumeur d’une rafle à venir, Genendel se réfugie chez les Faille. Résistante au sein de la Main d’Oeuvre Immigrée, elle loue ensuite une chambre sous un faux nom, rue Compan, Paris 19e. Lucien Faille lui rend régulièrement visite. Mais Genendel est arrêtée en juillet 1943.
Lucien Faille part alors chercher Lilya dans la Sarthe pour la mettre à l’abri chez ses parents à Château-Thierry où, réfractaire au STO, il habite désormais. Mais ils arrivent trop tard pour attraper le dernier train pour Chateau-Thierry. Il ramène alors Lilya, à Paris, Villa Gagliardini, juste pour passer la nuit. Au petit matin, elle est arrêtée par des policiers qui viennent chercher des tracts de la résistance. Au bout d’une dizaine de jours, Lucien Faille parvient à faire libérer la petite fille en demandant son adoption. Il l’amène alors chez ses parents où elle retrouve son amie Denise. Lilya reste chez les Faille jusqu’au retour de Genendel de déportation, le 15 mai 1945. Lucien et Simone Faille ont été reconnus « Justes parmi les Nations » en 2011.