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Gabrielle, Maurice et Louis Guidi ou la mobilisation d’un immeuble parisien

Façade du 59 rue Montmartre

En 1940, Paulette-Perla et Simon Abram Sztikman sont locataires d’un appartement au 54 rue de Bondy dans le 10e arrondissement. Arrivés de Pologne à Paris en 1930, ils ont deux filles Ginette, 8 ans, et Raymonde, 3 ans. Mécanicien-tailleur, Simon est arrêté lors de la rafle dite du « billet vert » en 1941. Il sera déporté par le convoi n°2 pour Auschwitz où il est exterminé. Le soir du 15 juillet 1942, ayant entendu la rumeur d’une arrestation massive de Juifs pour le lendemain, Paulette et ses filles trouvent refuge chez une voisine qui réside au 4e étage de leur immeuble. Une autre voisine, Mme Farkas habite, elle, au 6e étage. Elle est juive, de nationalité autrichienne. Ayant fait l’expérience douloureuse de la montée du nazisme, elle a refusé de se faire recenser. Dès le 17 juillet, elle leur propose son aide.
Son fils Ludovic accompagne Paulette et ses filles au 59 rue Montmartre, dans le 2e arrondissement, où le frère de Mme Farkas dispose d’un local pour la fabrication de bigoudis dont Gabrielle Guidi, la concierge, conserve les clefs. Gabrielle habite avec son mari Maurice, qui travaille de nuit dans l’imprimerie d’un journal, et son fils Louis Robert, porteur de journaux à bicyclette.
La famille Guidi va dès lors prendre en charge la famille Sztikman. Louis a une chambre indépendante dans l’immeuble. Il la quitte et la met immédiatement à la disposition de Paulette et ses filles. Il se rend ensuite rue Bondy pour sauver du séquestre quelques-uns des biens des Sztikman dont la machine à coudre, leur outil de travail et de survie. Ginette et Raymonde sont inscrites à l’école de la rue de la Jussienne, sous le nom de Guidi. La famille Guidi prendra soin de Paulette et de ses enfants jusqu’à la Libération et même au-delà. En effet, en août 1944, l’appartement familial de la rue de Bondy est occupé par une famille non-juive. Paulette doit lutter et attendre pour le récupérer. Pendant ce temps, Gabrielle, Maurice et Louis Guidi continuent à la loger. Ils ont été reconnus « Justes parmi les Nations » en 2016.