Charles et Anne Lapique, une amitié construite autour de la science
Charles Lapicque est connu en tant qu’artiste peintre. Au début des années 40, ses peintures non-figuratives sont considérées comme avant-gardistes. Avec son épouse Aline, il vit 4 rue Froidevaux dans le 4e arrondissement. Aline est la fille de Jean Perrin, prix Nobel de physique. Louis Lapicque, le père de Charles, est professeur de physiologie. Tous les deux enseignent à la Faculté des sciences de Paris où ils ont eu comme élève Feiga Weisbuch dite Fanny, qui a des relations amicales avec Aline.
En 1940, Fanny est chercheuse au CNRS au sein du laboratoire de chimie organique de l’Ecole Nationale Supérieure. Elle perd son poste du fait des lois raciales. Aline et Charles Lapicque sont engagés dans la Résistance. Leur fils Georges a rejoint la France Libre et le Général De Gaulle depuis le 19 juin 1940.
En 1941, Fanny donne naissance à un petit garçon, Gérard. Son mari, lui, a dû fermer son magasin de fourrure pour se cacher en Auvergne. Suite à la rafle du Vel d’Hiv, elle se réfugie chez les Lapicque qui lui obtiennent des faux-papiers au nom de Madeline Garel. Ils aident aussi sa sœur Dora Iatco en lui fournissant une fausse carte d’identité. Malheureusement, Dora est arrêtée en avril 1944, dans la cantine où elle mange sans carte d’alimentation. Déportée à Bergen-Belsen, elle y mourra en avril 1945.
De leur côté, les Lapicque sont soupçonnés d’activité résistante. Ils décident alors de loger Fanny et son fils chez leur amie Pauline Ramart-Lucas, professeur de Chimie à la Sorbonne, résistante et futur membre de l’Assemblée Constituante. En 1944, Fanny parvient à quitter Paris pour la campagne où elle retrouve son mari. En août 1945, de retour à Paris, elle donnera naissance à un second fils, prénommé Charles. Aline et Charles Lapicque ont été reconnus « Justes parmi les Nations » en 2000.