Catherine Lavé, la lingère de la rue des Immeubles Industriels
Façade du 16 rue des Immeubles Industriels
Au début de l’été 1942, Catherine Lavé est veuve et mère de quatre filles. Elle habite 8 rue des Boulets, dans le 11e arrondissement, avec sa plus jeune fille Odette, 17 ans. Catholique pratiquante, elle mène une vie faite de rigueur.
Elle exploite un atelier de lingerie au 3e étage du 16 de la rue des Immeubles Industriels.
Suzanne Frydman, née Peltin, habite au 4e étage de cet immeuble avec son mari et ses deux filles, Fernande 12 ans et Elise 3 mois. Suzanne et Catherine entretiennent des rapports de voisinage très cordiaux.
Suzanne a une sœur aînée, Anna Rajman et un frère Joseph Peltin. Anna vit au numéro 1 de cette rue avec ses fils Marcel, 17 ans, et Simon Rajman, 14 ans, tous les deux engagés dans la résistance au sein des Francs-Tireurs et Partisans-Main d’Œuvre Immigrée. Son mari a déjà été arrêté lors de la rafle de 1941 menée dans l’arrondissement. Joseph Peltin, lui, habite dans le 10e arrondissement avec sa femme et sa fille, Madeleine, 12 ans.
Le 15 juillet, quand la rumeur court au sujet d’une prochaine grande rafle de Juifs, Catherine Lavé propose à ses voisins et à leur famille de les héberger chez elle. Grâce à elle, ils échappent à la rafle du Vel d’Hiv. A partir de cette date, les Rajman et les Peltin dorment chez madame Lavé, rue de Boulets, et restent en journée chez leur sœur Suzanne ; elle se croyait davantage à l’abri car jusqu’alors les mères et leurs enfants de moins de deux ans étaient épargnés des arrestations. Catherine a aussi aménagé une cachette d’urgence dans son atelier, à l’insu de ses ouvrières. Les jeunes résistants Marcel et Simon Rajman y dorment la nuit.
Au cours de l’été, Catherine emmène Fernande Frydman et sa cousine Madeleine Peltin chez sa sœur à Chalette dans l’Aube. Les fillettes y restent jusqu’à la Libération, protégées par le silence de la population
Le 23 mars 1943, sur dénonciation, des policiers français envahissent l’appartement de Suzanne. Joseph Peltin et sa femme sont arrêtés. Ils seront déportés, sans retour, pour Auschwitz le 23 juin suivant. Tout le monde se réfugie désormais dans l’atelier de Mme Lavé. Malgré son aide, Anna Rajman et ses fils sont arrêtés. Anna, déportée à Auschwitz y est exterminée. Marcel est fusillé avec les 23 de l’Affiche Rouge le 21 février 1944, Simon est lui déporté à Buchenwald dont il reviendra.
A partir de cette date, Catherine prend sous son aile tous les enfants et Suzanne Frydman. Elle continue à cacher le mari de Suzanne Frydman dans son atelier parisien. Elle a été reconnue « Juste parmi les Nations » en 1998, à titre posthume.