Denise Vallon et la chaîne de solidarité de l’Entraide Temporaire
En 1940, Robert Frank a 11 ans et habite Metz. Ses parents sont arrivés en France en 1928. Expulsés suite à l’invasion allemande de l’Alsace-Lorraine, destinée à être « vidée de ses Juifs », les Frank sont assignés à résidence en Dordogne. Toutes les familles juives de la commune sont arrêtées. Les enfants français doivent se signaler. Des quatre enfants, seul Robert a été déclaré français à la naissance. Il est violement séparé des siens. Les parents, les frères et la sœur de Robert seront déportés pour Auschwitz en novembre 1942. Il ne les reverra jamais.
Commence alors pour Robert un périple qui, à l’inverse de l’itinéraire habituel, le fait aller de la province à Paris, pour y être caché. Après une longue errance, il est finalement placé à l’Ecole du travail de la rue des Rosiers dans le 4e arrondissement.
En février 1944, le Dr Alfred Milhaud et le réseau de l’Entraide Temporaire organisent son évasion. Il devient Robert François et est recueilli par Denise Vallon, directrice d’école à Paris au 204 bd Voltaire dans le 11e arrondissement. Grâce à Mme Vallon, Robert va, pour la première fois depuis longtemps, recevoir de l’affection et cesser, parfois, d’avoir peur. Il reprend sa scolarité, il a alors trois ans de retard. Il reste chez elle jusqu’au début de l’année 1946, date à laquelle il devient pupille de la nation. Pour Robert, comme pour de nombreux autres enfants juifs, la fin de la guerre n’a pas marqué un « retour à la normale ». Denise Vallon a été reconnue « Juste parmi les Nations » en 1990, à titre posthume.