Les Justes de Paris : une histoire de proximité
A côté de ces actions organisées, une partie des Juifs va bénéficier de solidarités individuelles. Certaines manifestations de bienveillance passaient par un simple sourire, un courrier ou une marque d’attention. Elles se sont aussi parfois traduites par une aide financière, l’hébergement ou la fourniture de faux papiers. Les Justes parisiens furent parfois de complets inconnus pour ceux dont ils ont sauvé la vie à l’image de Sœur Clothilde Régéreau, reconnue Juste parmi les Nations.
En 1942, les époux Müller, Rachel et Manek, ont 4 enfants : Jean, 11 ans, Henri, 10 ans, Annette, 9 ans et Michel, 7 ans. Le 16 juillet 1942, prévenu de l’imminence d’une rafle mais ne craignant que l’arrestation des hommes, Manek passe la nuit en dehors de son domicile. Les policiers français arrêtent le reste de la famille. Conduits à un centre de rassemblement, Henri et Jean sont finalement libérés grâce à l’épouse juive d’un prisonnier de guerre qui, relâchée du fait de son statut, déclare qu’ils sont ses fils. Ils rejoignent leur père, tous trois cherchent un refuge. Sur les conseils d’une religieuse, ils frappent à la porte du couvent du 140 rue du Bac et demandent Sœur Clothilde Régéreau. Celle-ci ne les a jamais vus. Elle les prend sous sa protection. Elle place les deux garçons dans un internat catholique en région parisienne et trouve un hôtel discret pour leur père. Rachel, elle, est déportée pour Auschwitz tandis que Annette et Michel, de nationalité française, sont placés dans une maison de l’UGIF où Sœur Clothilde Régéreau ira les chercher pour les placer eux aussi à l’abri.
Mais dans la majeure partie des cas, l’histoire des Justes de Paris est une histoire de proximité inscrite dans la vie quotidienne de ces Parisiens qu’étaient les Juifs en 1940. Ce sont ainsi d’abord des collègues de travail, des voisins, des amis, des camarades de classe ou encore des membres de la famille par alliance qui ont porté secours à une partie des Juifs de Paris.