Lucienne Daniel, une blanchisseuse amoureuse

En 1942, au 16 rue du Moulin des Prés dans le 13e arrondissement, il y a une blanchisserie contiguë à l’école. Il est possible d’y entrer par l’avant et de sortir discrètement par l’arrière. C’est là que Lucienne Daniel, 28 ans, travaille. En 1940, à un bal, elle a rencontré Gawruel, dit Marcel, Miltsztayn dont elle est tombée amoureuse. Sa famille et lui vivent non loin de là, au 25 passage Prévost, aujourd’hui disparu. Lors de la rafle du « billet vert », le 14 mai 1941, Marcel est arrêté et interné à Beaune-La-Rolande. Lucienne lui porte secours une première fois. Grâce à des faux papiers, elle parvient à le faire libérer.
En juillet 1942, et suite à la rafle du Vel d’Hiv à laquelle ils ont réussi à échapper, les parents de Marcel, Jacob et Sarah, ses trois sœurs et son frère, sa tante et son oncle, Rosette et Maurice Rybak, se cachent avec lui dans la blanchisserie de Lucienne. Pour nourrir tout le monde, Lucienne part régulièrement en banlieue chercher des provisions qu’elle cache sous le linge qu’elle prend ou porte à ses clients. Mais la situation est trop dangereuse. Il est décidé que la famille doit se séparer. Marcel et ses deux jeunes sœurs restent chez Lucienne. Par l’intermédiaire de l’UGIF, le reste de la famille part travailler dans des fermes des Ardennes, sous contrôle allemand. Le 4 janvier 1944, Jacob, Mireille, la sœur aînée de Marcel et son oncle Maurice sont arrêtés. Ils seront déportés par le convoi n°66 pour Auschwitz dont ils ne reviendront pas. Malgré les risques, Lucienne part chercher les trois survivants (Sarah et Maurice, la mère et le frère de Marcel ainsi que Rosette Rybak, sœur de Sarah) et les ramène chez elle. Lucienne et Marcel se marient en octobre 1949. Ils auront une fille qu’ils prénommeront Mireille. Lucienne Daniel, devenue Lucienne Miltsztayn, a été reconnue « Juste parmi les Nations » en 2014.