Anne Beaumanoir, une jeune résistante sauve deux enfants Juifs

Anne Beaumanoir est née en 1923. Ses parents Jean et Marthe, restaurateurs à Dinan, sont engagés dans la Résistance. En 1943, Anne est à Paris. Elle rejoint le réseau des jeunesses communistes, sous le faux nom de Soyer. Un jour, alors que, en tant qu’agent de liaison, elle va chercher un colis chez des amis de ses parents, ceux-ci lui demandent de prévenir de l’imminence d’une rafle, une certaine Victoria qui cache une famille juive dans le 13e arrondissement. La famille en question est celle de Ruben Lisopravski, boulanger rue du Moulinet. Ruben a deux enfants : Daniel, 14 ans et Simone,15 ans.. Ils auraient dû être arrêtés peu de temps auparavant mais ils ont bénéficié du « manque de zèle » du policier venu les arrêter. Le père et la sœur n’apparaissaient pas sur la liste des personnes à arrêter et Daniel n’avait pas encore 16 ans et était français.
Depuis, Ruben et ses enfants vont de cachette en cachette. Quand Anne les trouve, le père décide de rester caché dans Paris. Il sera dénoncé et arrêté en mars 1944, puis déporté par le convoi n°71 pour Auschwitz dont il ne reviendra pas. Il confie à la jeune femme ses deux enfants.
Contre l’avis de son groupe de résistance soucieux de leur propre sécurité, elle les emmène à Gennevilliers où les jeunes communistes ont une planque. Mais, un jour où Anne n’est pas là, la Gestapo fait irruption dans la planque. Daniel et Simone parviennent à fuir par les toits. Anne décide alors de cacher les enfants à Dinan chez ses parents. Simone reste chez les Beaumanoir et aide au restaurant. Daniel est placé chez un ami horticulteur qui le prend en affection malgré son manque de dispositions pour le jardinage. Anne continuera ses actions au sein de la Résistance, puis elle s’engagera aux côtés du FLN algérien, deviendra neuropsychologue. Aujourd’hui, elle témoigne encore dans les écoles et milite pour l’accueil des réfugiés. Toute sa vie, elle a considéré Daniel et Simone comme son frère et sa sœur. Avec ses parents Jean et Marthe, Anne a été reconnue « Juste parmi les Nations » en 1996.