Le Père Théomir Devaux et la congrégation de Notre-Dame de Sion

Le Père Théomir Devaux

Dans la France, fille aînée de l’Eglise, de nombreux « Justes parmi les Nations » étaient catholiques. La plupart d’entre eux étaient des laïcs. Mais plusieurs clercs, hommes et femmes, se sont mobilisés pour sauver des Juifs, notamment des enfants.
A la fin des années 1930, le Père Théomir Devaux est le supérieur du Monastère des Pères de Notre-Dame de Sion à Paris, 68 rue Notre Dame des Champs dans le 6e arrondissement. Fondée par des Juifs convertis au catholicisme, la congrégation catholique Notre-Dame de Sion a d’abord pour objectif d’œuvrer à la conversion des Juifs. En 1938, elle ouvre une œuvre sociale rue Saint-Croix de la Bretonnerie dans le 4e arrondissement avec l’intention de toucher la population juive, pauvre et immigrée, qui habite ce quartier. A partir de l’été 1942, de nombreuses familles juives s’adressent ainsi spontanément aux sœurs de Notre-Dame de Sion qui y travaillent et les supplient de recueillir leurs enfants menacés.
Les enfants sont ensuite transférés au 61 bis rue Notre Dame des Champs où se trouve le pensionnat de la congrégation tenue par Mère Marie Francia qui, avec l’aide de laïques comme Germaine Ribière, organise ensuite le placement de ses protégés dans des lieux de la Congrégation en zone libre. Cette activité a été organisée avec l’accord et la coopération du Père Devaux qui, en lien avec plusieurs réseaux juifs de sauvetage tel celui de la WIZO, a permis la survie de plus de 400 enfants dont il conservait la liste en la cachant sous l’autel de sa chapelle.
Les travaux de recherche conduits sur l’activité du Père Devaux et de sa Congrégation ont montré que, malgré la vocation de l’ordre, ces sauvetages ne s’accompagnaient pas d’un marchandage en vue de la conversion des enfants. Toutefois, après la guerre, quelques-uns de ces 400 enfants n’ont pas été spontanément rendus à leurs familles, ou aux associations juives, l’intention étant de les « maintenir » dans la foi catholique parfois acquise entre temps. Le cas le plus emblématique fut celui des enfants Finaly qui ne retrouveront leur famille qu’en 1953 et grâce, notamment, à la médiation de Germaine Ribière.
Depuis le concile Vatican II qui plaide pour la fin de l’antijudaïsme chrétien et le rapprochement entre les deux religions, la congrégation de Notre-Dame de Sion est très engagée dans le dialogue judéo-chrétien.
Le Père Devaux, Mère Marie Francia et Germaine Ribière ont été reconnus « Justes parmi les Nations », respectivement, en 1996, 2006 et 1967.