La Rafle du Vel d’Hiv : un tournant

Les autobus et voitures de police devant le stade du Vélodrome d’Hiver lors de la rafle du 16/17 juillet 1942 à Paris. Cette image fut interdite de diffusion dans la presse à l’époque. Elle constitue aujourd’hui la seule image connue de la rafle. ©Mémorial de la Shoah/coll. BHVP

Dès juin 1940, les autorités allemandes et françaises organisent l’identification et l’exclusion des Juifs. Devançant les exigences de l’occupant nazi, le maréchal Pétain promulgue le 3 octobre 1940 le « Statut des Juifs » et en aggrave les dispositions le 2 juin 1941. Cela facilitera la traque et la persécution des juifs. Après avoir été recensée puis privée de ses biens et interdite de contact avec les « Aryens », la population juive parisienne âgée de plus de six ans est contrainte au port de l’étoile jaune à partir de juin 1942. L’étape suivante est celle de l’extermination. Les premières rafles parisiennes ont lieu au cours de l’année 1941. Elles conduisent à l’arrestation de près de 8 200 hommes, souvent chefs de famille. Elles entrainent toutefois peu de réactions du reste des Parisiens.

La rafle des 16 et 17 juillet 1942, mise en œuvre par la police française, marque à cet égard un tournant. Elle constitue la plus importante arrestation de Juifs à Paris sous l’Occupation et concerne pour la première fois des enfants, à la demande expresse du chef du gouvernement français, Pierre Laval. 12 884 Juifs de plus de deux ans, apatrides, allemands, autrichiens, polonais, russes et tchèques sont arrêtés par des policiers parisiens. Les adultes et les adolescents sont amenés à Drancy tandis que les familles sont internées au Vélodrome d’Hiver, enceinte sportive située dans le 15e arrondissement, qui donne aujourd’hui son nom d’usage à cette rafle. Une large partie des Justes de Paris ont commencé leur action durant ces jours tragiques.